La petite truffe poursuivit son chemin, frôlant le sol rapidement,
suivant ce fil invisible que peu peuvent voir ; cela fait déjà plusieurs
minutes que le petit animal a perçu cet odeur étrange, ancienne, mystique, mais
inconnue par sa petite truffe. Et pourtant il en a déjà senti des odeurs, bien
plus que la plupart des animaux de cette forêt ; mais celle-ci il ne
parvient pas à mettre un nom dessus, et cela le perturbe au plus haut point.
Alors il traque cette créature, l’odeur est devenue moins forte, la
présence mystique à presque disparut ; mais il en reste une petite trace
plus faible mais bien présente, il en est certain, alors il poursuit ses
recherches tout en restant sur ses gardes ; il ne voudrait pas se faire
avoir si la présence revient.
Un œuf.
C’est ce que vient de percuter sa truffe, l’animal relève la tête et la
secoue légèrement avant de sentir autour de cet œuf ; il n’y a aucun doute
possible, l’odeur vient de cet objet des plus atypiques. Il est plus gros que
les œufs qu’il a déjà pu voir, l’odeur étrange est présente sur lui, c’est donc
un œuf de cette créature qu’il a vu survoler la forêt au soleil levant. Le
soleil illumine doucement les tâches d’une couleur de feuille qui orne la
coquille.
Le loup s’assoit tranquillement et l’observe, intrigué par ce qui se
tient devant lui, il ne sait pas quand l’œuf pourrait éclore, ni quand la mère
reviendrait. Un oiseau ne laisse pas son œuf au sol, mais il semblait
impressionnant, plus que les aigles qui vivent plus loin sur le haut de la
montagne.
Et puis soudainement la coquille craque doucement, timidement ; le
loup ne bouge pas alors que l’une de ses oreilles se tourne rapidement,
cherchant à percevoir chacun des bruits de la forêt, si lui voit l’œuf éclore,
la mère peut sûrement le ressentir ou l’entendre. Mais pour le moment il n’y a
aucun bruit, comme toujours à cette heure matinale.
Un bout de coquille se détache brutalement et atterrit devant ses
pattes, il baisse la tête, l’observe et s’imprègne à nouveau de l’odeur, c’est
étrange, il ne la reconnait pas, même d’aussi près. Une patte se laisse
apercevoir dans la petite ouverture, de la même couleur que les feuilles de
printemps, que ces tâches sur sa coquille.
Et puis un silence s’installe, la petite créature semble avoir du mal à
sortir et un petit gémissement mêlé d’un grognement se fait entendre ;
elle râle, et cela l’amuse légèrement. Le loup s’approche doucement et pousse
légèrement l’œuf, ce qui attire la curiosité de la petite créature qui pousse
un nouveau gémissement avant de s’agiter, un autre bout de coquille tombe au
sol alors que l’animal relève la tête et fixe le ciel ; pourquoi la mère
a-t-elle laissé son œuf aussi près de l’éclosion ?
La créature qui se tient devant lui est entièrement verte, sauf ses
ailes qui sont transparente ; il peut voir la forêt au travers de
celles-ci. Le petit se retourne et vient alors se frotter à lui, il connaissait
le risque de rester, le petit l’assimile à sa mère comme elle est absente, et
que lui est là.
Le loup chassera pour le petit, restera à ses côtés pendant plusieurs
jours, toujours non loin de cette coquille, attendant. Mais la mère ne reviendra
pas. Plus les heures s’écoulent et plus le physique de la créature lui rappel
les légendes dont parlait les bipèdes ; ils finiront par repartir,
ensemble, un lien s’étant doucement tissé entre les deux espèces.
Le petit dragon a trouvé une nouvelle famille.
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